Adopter des pratiques énergétiques durables dans les fermes florales de Marginpar
mercredi 28 mai 2025
La puissance du soleil
Le parfum des roses fraîches emplit l’air. Dans les serres de Porta Nova à Waddinxveen, tout semble moderne et bien ordonné, et pourtant l’on ressent en même temps l’artisanat et la tradition.
Entre les rangées droites de Red Naomi d’un rouge profond, s’élève la voix de Leon Dukker, rosiériste et directeur de Porta Nova : « Avec les roses, tout est une question d’équilibre. Si vous les poussez avec plus de lumière ou de nutriments, cela se paie plus tard. Il faut lire la plante, la ressentir, la comprendre. Cet équilibre n’est pas seulement perceptible ici, mais aussi plus tard dans la boutique, lorsque le fleuriste prend la tige en main et que la fleur épanouie se dévoile comme une promesse au client. »
Pour Porta Nova, une rose est bien plus qu’une fleur. Elle porte une histoire - des soins et du savoir-faire dans la serre jusqu’à l’émotion dans le vase. C’est précisément cette promesse qui a fait de Porta Nova l’un des rosiéristes les plus avant-gardistes d’Europe.
Porta Nova est née en 2006 de la fusion de trois familles de rosiéristes. Ce qui avait commencé comme une mise en commun de savoirs et d’expériences est devenu une entreprise consacrée entièrement à une seule fleur : la Red Naomi, une rose d’un rouge velouté et dotée d’une durée exceptionnelle en vase. Ce choix d’une monoculture rend l’aventure encore plus personnelle. En se spécialisant totalement dans une seule variété, Porta Nova peut consacrer toute son attention, son expertise et ses innovations à cette rose.
Alors que de nombreux producteurs néerlandais déplaçaient leur production vers l’Afrique et l’Amérique du Sud, Porta Nova a fait le choix délibéré de l’Europe comme marché et des Pays-Bas comme base de culture. Cela impliquait des coûts plus élevés, mais aussi un meilleur contrôle de la qualité et de la durabilité.
Aujourd’hui, Porta Nova n’est plus dépendant du gaz, grâce à une ligne électrique privée de six kilomètres reliant la station de Zoetermeer, il est possible de basculer directement sur l’énergie éolienne « en amont du réseau ». La chaleur estivale est stockée dans le sol et restituée en hiver. Un système d’échangeurs thermiques et de pompes à chaleur impressionnantes rend cela possible. Le CO₂ excédentaire du port de Rotterdam est intelligemment réutilisé, l’eau circule en circuit fermé et les maladies sont combattues grâce à des ennemis naturels et même à la lumière UV-C.
L’ambition de cultiver la rose la plus belle et la plus durable a conduit Porta Nova à franchir une nouvelle étape : mesurer précisément son impact environnemental. En collaboration avec des universités, des spécialistes et grâce à la nouvelle norme européenne FloriPEFCR, l’empreinte complète de la Red Naomi a été calculée.
Le résultat : un chiffre transparent et validé, converti en grammes de CO₂ par tige. Avec le concept FUTURA, Porta Nova montre à quoi ressemble une rose cultivée avec 100 % d’énergie éolienne - avec une empreinte cinq à neuf fois plus faible que les seules émissions liées au transport aérien des roses venues de l’extérieur de l’Europe. Mais il y a une nuance : beaucoup d’autres producteurs ne mesurent pas encore leur impact de culture, ou pas selon la même méthodologie. La comparaison reste donc difficile. C’est précisément pour cette raison que Porta Nova appelle ses collègues à rendre leur empreinte également transparente - afin de créer des conditions équitables et de pousser chacun à progresser.
Qu’est-ce qui a poussé Porta Nova à s’engager dans cette voie ? La réponse est à la fois personnelle et stratégique. « Je veux pouvoir dire à mes petits-enfants que nous n’avons pas seulement produit de belles fleurs, mais que nous avons aussi pris soin de la planète, » confie Dukker. Van Vuuren ajoute : « Et nous voulons montrer que c’est possible. Nous sommes les seuls à mesurer à ce niveau aujourd’hui, mais nous espérons que d’autres suivront. Ce n’est que lorsque l’on peut comparer que l’amélioration devient réellement intéressante. »
Les producteurs soulignent que leur chemin n’a pas été sans risques. Les investissements dans l’éclairage LED, une ligne électrique privée de six kilomètres et le développement de la technologie “climator” ont nécessité des moyens considérables.
Les dirigeants de Porta Nova sont conscients que tous les producteurs ne peuvent pas franchir cette étape d’un coup. Leur message : commencez petit, mais commencez.
Commencez par mesurer -Utilisez l’outil officiel de calcul de l’empreinte. Même si cela paraît complexe, cela donne de la clarté et une direction. Et vous contribuez à la comparabilité.
Examinez votre énergie - Même un petit pas, comme passer à une électricité plus verte, fait la différence.
Collaborez - Cherchez des partenaires, partagez vos connaissances. Nous avons aussi appris des universités et de nos collègues.
Soyez transparents - Partagez vos chiffres, même imparfaits. Cela crée de la confiance et entraîne les autres.
Le chemin d’une « simple » rose rouge à une icône bas carbone fut long et plein de défis. Mais aujourd’hui, Porta Nova a réussi à faire de sa Red Naomi non seulement la plus belle, mais aussi la plus durable rose d’Europe.
Car, aussi durable que soit la culture d’un producteur, la chaîne joue un rôle tout aussi important. Transport, commerce, distribution – à chaque étape, les marges et les émissions s’accumulent.
« Nous avons nos chiffres bien en main, » conclut Van Vuuren. « Mais que se passe-t-il plus loin dans la chaîne ? L’histoire reste-t-elle honnête ? Est-elle comprise par les acheteurs, les fleuristes et – un pas plus loin – par le consommateur ? Car la durabilité ne s’arrête pas aux portes de la serre. Ce n’est que lorsque toute la chaîne participe qu’une rose peut vraiment être qualifiée de verte. »
Lisez la suite dans la Partie 2 : FM Group et Porta Nova à propos des empreintes et de la force de la transparence.